Centrafrique
Je suis une herbe verte brûlée par la haine
et les graines de mes prairies sont la proie de mes milices
J’ai quitté la vallée des merveilleuses perles
pour l’abîme des poux des puces et des ronces
Je saccage la succulence des rêves de la vie
pour l’apothéose des miasmes de la mort
Je décape la chair des baumes de l’espérance
pour me vêtir des épines de la brouillerie
À moi donc le chant des complots et des terreurs
à moi les rivages décorés de sang
À moi la recette des moissons incendiées
à moi le sanctuaire des dieux insultés
Je me dirige vers l’immensité du chaos
je m’engage dans le bourbier des aubes fatales
J’ai tourné le dos aux odes des soirs sereins
et je m’installe dans la tessiture de la surdité
Mon soleil là-haut lève son toast d’amour
et loin des marches de mes appétits
ma ruche est aspirée par le vent du nord
ici j’attends l’oracle de l’avenir mer aux vagues apaisées